dimanche 7 juin 2020

ORAISON FUNÈBRE DE JOSÉPHINE DJIMESSA KOUDOUOVOH, NÉE KÉMÉ




« Mais je sais que mon Rédempteur est vivant, Et qu'il se lèvera le dernier sur la terre.
Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu.
Je le verrai, et il me sera favorable ; Mes yeux le verront, et non ceux d'un autre ; Mon âme languit d'attente au dedans de moi. »
(Job 19 : verset 25 à 27)
« Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ;
Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
(Jean 11 : verset 25 à 26)



PIE PELICANE

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Familles éplorées,
Auguste assemblée,

Ma mère, Joséphine Djimessa Koudouovoh, née Kémé a été rappelée à Dieu le dimanche 26 novembre 2017 au CHU campus de Lomé, dans sa quatre-vingt-quatrième année, après une courte hospitalisation. Malgré son âge avancé, une longue maladie et une convalescence étendue, sa mort m'a traumatisé : poète, je n'ai pas réussi à écrire un seul vers pendant plusieurs jours. Gourmet, j'ai perdu l'appétit, me recroquevillant sur moi-même. Professeur de lettres, j'ai perdu goût à l'enseignement depuis quelques semaines, me contentant de donner les cours à mes élèves sans enthousiasme...
Ma relation exceptionnelle avec ma maman n'a rien de rationnel, car le lien profond qui m'unit à elle défie toutes les données spatio-temporelles. Comme moi, mes frères et sœurs aiment maman d'un amour éternel parce que l'illustre disparue a passé toute sa vie à se sacrifier pour notre bonheur et notre épanouissement.
Maman, tu es née le 9 janvier 1934 à Baguida d'un père cultivateur chevronné qui te chérissait et d'une mère revendeuse qui raffolait de toi car tu étais sa fille aînée. Tes huit frères, issus de ta mère, tu les a perdus un à un si bien que tu étais heureuse de les revoir en nous tes fils. Dès le bas-âge, tu nous appelais « Maman bé nyinè, maman bé fofo » pour nous galvaniser.
Adolescente, tu as appris la haute couture à Lomé et ta patronne a mis un point d'honneur à remettre à toi seule les ciseaux et le mètre le jour de votre libération. Tu as exercé ton métier avec brio pendant des années avant de te marier avec notre papa, Michel Kangni Koudouovoh en 1963. De cette union naîtront quatre garçons et quatre filles comme ton père Joseph Kémé Apénou te l'avait prédit à la naissance de ton fils aîné Félix.
Dernière épouse de ton mari, votre mariage était proverbial, votre amour, sans tâche ni ride ! Femme dynamique, tu as été une revendeuse de pagnes avisée au grand marché de Lomé, une revendeuse éveillée des produits importés en cartons, une revendeuse visionnaire des produits vivriers et que sais-je encore.
Mais quand ton mari était tombé gravement malade, tu as fait un retour spectaculaire à la maison, baissant la garde au marché, l'assistant à tous égards jusqu'à ce que la mort vous sépare le 3 juillet 1989. Cette disparition tragique fut un tournant dans ta vie car après les obsèques, tu as pris une retraite anticipée afin de t'occuper mieux de tes enfants.
Ce fut surtout en ce moment que l'exemple du sacrifice te porte aux nues. J'ai été témoin de tout ce que tu as investi dans l'éducation et la formation de tes fils et filles les envoyant poursuivre leurs études supérieures dans les universités européennes, en Autriche, en Allemagne et en France. Tu étais convaincue de bien agir et ta foi en l'avenir te donne de nos jours raison.
Tu as élevé tes petits-enfants avec l'amour d'une mère, confiante en ton sacerdoce. Ils te témoignent leur gratitude quotidiennement. Tes arrières petits-enfants ont pris plaisir à jouer avec toi, à t'assister dans ta vieillesse. Du fond du cœur, ils sont à jamais reconnaissants pour ton estime, ta bannière qui les couvre ainsi.
Tu as aussi élevé beaucoup de tes neveux et nièces qui soutiennent ta droite triomphante. Comme un vieux baobab, planté sur ses racines, tu nous as conduits vers le Père céleste, accomplissant ton devoir dans les moindres détails.
Aujourd'hui, ton front quitte la terre ferme et tes frères et sœurs de l'Église Baptiste Évangélique la Rédemption de Djidjolé et ceux de l'Église Baptiste d'Agoè Logopé sont fiers de témoigner de quelle servante de l'Éternel tu as été : joyeuse et dansant bien pendant les offrandes. Fidèle dans les dîmes, exerçant les libéralités si besoin, hospitalière en tout temps, se souvenant convenablement des malades, des orphelins, des veuves, des déshérités, des étrangers etc.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Familles éplorées,
Auguste assemblée,

Je voudrais que vous séchiez vos larmes car maman est entrée par sa foi agissante dans la félicité de Dieu. Prenons ici solennellement l'engagement de lui emboîter le pas. Elle se repose des fatigues accumulées durant des années laborieuses et nous recommande de nous aimer les uns les autres parce que celui qui aime son prochain comme lui-même a accompli la loi.
Chère maman, tu es un pieux pélican parce que tu as sacrifié ta vie pour le bonheur de tes enfants, de tes petits-enfants et de tes arrières petits-enfants. Que la terre te soit légère !

Je vous remercie.

Ananivi Hosé KOUDOUOVOH
12 janvier 2018 – Lomé.

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