« Mais
je sais que mon Rédempteur est vivant, Et qu'il se lèvera le
dernier sur la terre.
Quand
ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n'aurai plus de
chair, je verrai Dieu.
Je
le verrai, et il me sera favorable ; Mes yeux le verront, et non
ceux d'un autre ; Mon âme languit d'attente au dedans de moi. »
(Job 19 : verset 25 à 27)
« Jésus
lui dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en
moi vivra, quand même il serait mort ;
Et
quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
(Jean
11 : verset 25 à 26)
PIE
PELICANE
Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs,
Familles
éplorées,
Auguste
assemblée,
Ma mère, Joséphine Djimessa Koudouovoh, née Kémé a
été rappelée à Dieu le dimanche 26 novembre 2017 au CHU campus de
Lomé, dans sa quatre-vingt-quatrième année, après une courte
hospitalisation. Malgré son âge avancé, une longue maladie et une
convalescence étendue, sa mort m'a traumatisé : poète, je
n'ai pas réussi à écrire un seul vers pendant plusieurs jours.
Gourmet, j'ai perdu l'appétit, me recroquevillant sur moi-même.
Professeur de lettres, j'ai perdu goût à l'enseignement depuis
quelques semaines, me contentant de donner les cours à mes élèves
sans enthousiasme...
Ma relation exceptionnelle avec ma maman n'a rien de
rationnel, car le lien profond qui m'unit à elle défie toutes les
données spatio-temporelles. Comme moi, mes frères et sœurs aiment
maman d'un amour éternel parce que l'illustre disparue a passé
toute sa vie à se sacrifier pour notre bonheur et notre
épanouissement.
Maman, tu es née le 9 janvier 1934 à Baguida d'un
père cultivateur chevronné qui te chérissait et d'une mère
revendeuse qui raffolait de toi car tu étais sa fille aînée. Tes
huit frères, issus de ta mère, tu les a perdus un à un si bien que
tu étais heureuse de les revoir en nous tes fils. Dès le bas-age,
tu nous appelais « Maman bé nyinè,
maman bé fofo » pour nous galvaniser.
Adolescente, tu as appris la haute couture à Lomé et
ta patronne a mis un point d'honneur à remettre à toi seule les
ciseaux et le mètre le jour de votre libération. Tu as exercé ton
métier avec brio pendant des années avant de te marier avec notre
papa, Michel Kangni Koudouovoh en 1963. De cette union naîtront
quatre garçons et quatre filles comme ton père Joseph Kémé Apénou
te l'avait prédit à la naissance de ton fils aîné Félix.
Dernière épouse de ton mari, votre mariage était
proverbial, votre amour, sans tâche ni ride ! Femme dynamique,
tu as été une revendeuse de pagnes avisée au grand marché de
Lomé, une revendeuse éveillée des produits importés en cartons,
une revendeuse visionnaire des produits vivriers et que sais-je
encore.
Mais quand ton mari était tombé gravement malade, tu
as fait un retour spectaculaire à la maison, baissant la garde au
marché, l'assistant à tous égards jusqu'à ce que la mort vous
sépare le 3 juillet 1989. Cette disparition tragique fut un tournant
dans ta vie car après les obsèques, tu as pris une retraite
anticipée afin de t'occuper mieux de tes enfants.
Ce fut surtout en ce moment que l'exemple du sacrifice
te porte aux nues. J'ai été témoin de tout ce que tu as investi
dans l'éducation et la formation de tes fils et filles les envoyant
poursuivre leurs études supérieures dans les universités
européennes, en Autriche, en Allemagne et en France. Tu étais
convaincue de bien agir et ta foi en l'avenir te donne de nos jours
raison.
Tu as élevé tes petits-enfants avec l'amour d'une
mère, confiante en ton sacerdoce. Ils te témoignent leur gratitude
quotidiennement. Tes arrières petits-enfants ont pris plaisir à
jouer avec toi, à t'assister dans ta vieillesse. Du fond du cœur,
ils sont à jamais reconnaissants pour ton estime, ta bannière qui
les couvre ainsi.
Tu as aussi élevé beaucoup de tes neveux et nièces
qui soutiennent ta droite triomphante. Comme un vieux baobab, planté
sur ses racines, tu nous as conduits vers le Père céleste,
accomplissant ton devoir dans les moindres détails.
Aujourd'hui, ton front quitte la terre ferme et tes
frères et sœurs de l'Église Baptiste Évangélique la Rédemption
de Djidjolé et ceux de l'Église Baptiste d'Agoè Logopé sont fiers
de témoigner de quelle servante de l'Éternel tu as été :
joyeuse et dansant bien pendant les offrandes. Fidèle dans les
dîmes, exerçant les libéralités si besoin, hospitalière en tout
temps, se souvenant convenablement des malades, des orphelins, des
veuves, des déshérités, des étrangers etc.
Mesdames,
Mesdemoiselles, Messieurs,
Familles
éplorées,
Auguste
assemblée,
Je voudrais que vous séchiez vos larmes car maman est
entrée par sa foi agissante dans la félicité de Dieu. Prenons ici
solennellement l'engagement de lui emboîter le pas. Elle se repose
des fatigues accumulées durant des années laborieuses et nous
recommande de nous aimer les uns les autres parce que celui qui aime
son prochain comme lui-même a accompli la loi.
Chère maman, tu es un pieux pélican parce que tu as
sacrifié ta vie pour le bonheur de tes enfants, de tes
petits-enfants et de tes arrières petits-enfants. Que la terre te
soit légère !
Je
vous remercie.
Ananivi Hosé KOUDOUOVOH
12 janvier 2018 - Lomé.